Guillaume Pellicier II
Comte de Melgueil et de Montferrand, évêque de Maguelone puis de Montpellier de 1526 à 1568
Evêque, humaniste, brillant savant, ambassadeur au service de François 1er, Guillaume Pellicier II a profondément marqué le destin du comté de Melgueil et du diocèse de Maguelone : son parcours hors norme est à l’image de cet homme hors norme, qui a côtoyé les grands esprits de son époque, a été emprisonné pour concubinat, hérésie et dilapidation des biens de l’Eglise avant d’être réhabilité, a présidé au transfert de l’évêché de Maguelone vers Montpellier et traversé l’une des périodes les plus violentes des guerres de religion.
Guillaume Pellicier naît à Mauguio en 1490. En 1526, il est nommé évêque de Maguelone, succédant à son oncle et homonyme Guillaume Pellicier 1er. En 1536, il obtient le transfert de l’évêché de Maguelone à Montpellier : jugée trop isolée, rendue insalubre par la présence des étangs, l’île est de plus en plus désertée par le clergé au profit de la dynamique cité universitaire. De plus, l’installation de l’évêché au c½ur d’une ville où se propagent les idées réformistes permettrait de réaffirmer le pouvoir de l'Eglise catholique. Désormais, l’ancien monastère Saint-Benoît-Saint-Germain accueille le palais de l’évêque et son église abbatiale devient la cathédrale Saint-Pierre.
Dernier évêque de Maguelone, Guillaume Pellicier II est ainsi le premier évêque de Montpellier.
Un humaniste et un diplomate…
Brillant savant, versé dans les sciences naturelles, la médecine et le droit, il connaît le latin, le grec, l’hébreu et le syriaque. A Montpellier, il se lie d’amitié avec François Rabelais, avec qui il étudie la botanique médicale, et avec le médecin et naturaliste Guillaume Rondelet. Brillant humaniste, il est un grand promoteur des idées de la Renaissance, célébré par ses contemporains comme l'homme le plus savant de son siècle.
Présenté à la cour de France, le jeune prélat s’attire rapidement les faveurs du roi et de sa s½ur Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre, qui devient sa protectrice et lui fait obtenir une charge de conseiller au parlement de Toulouse.
En 1539, il est nommé ambassadeur de France auprès de la République de Venise. Mais ses intrigues secrètes et ses relations parfois discutables lui attirent vite les foudres de la cité : à cela s’ajoute des m½urs dissolues, puisque le prélat vit maritalement avec une femme dont il aura 5 enfants. En 1542, il est rappelé d’urgence en France pour éviter que le scandale ne prenne de l’ampleur.
C’est au cours de son séjour en Italie qu’il acquiert, pour le compte de François Ier, un nombre considérable de manuscrits latins, grecs, syriaques et hébreux, faisant de la bibliothèque royale le fonds le plus riche d’Europe. Lorsqu’il ne peut les acquérir, il fait copier les documents, employant jusqu’à 8 copistes simultanément. Il constitue également une riche bibliothèque pour son propre compte.
… rattrapé par le destin
De retour en France, l’évêque ne tarde pas à être rattrapé par sa conduite. A l’époque, le calvinisme commence à s’étendre dans le Languedoc, notamment à Montpellier. Son succès est alimenté par la dénonciation des abus de l’Eglise catholique : relâchement de la discipline ecclésiastique, ignorance du bas clergé mais aussi négligence des évêques, accusés de corruption et d’avidité…
C’est dans ce contexte qu’en novembre 1551, l’évêque est dénoncé et poursuivi sous une triple inculpation : concubinat (il a ramené d’Italie sa compagne et les cinq enfants qu’ils ont eus ensemble), hérésie et dilapidation des biens de l’Eglise. Ses longues absences hors de son diocèse n’ont pas joué en sa faveur. Arrêté et emprisonné, Pellicier est finalement réhabilité et réintégré dans ses fonctions en 1557. Mais sa réputation est largement compromise, d’autant que nombre de ses amis et de ses parents sont protestants.
Troubles religieux
Vers 1560, la situation politique et religieuse s’aggrave dans la région : alors que la population reste majoritairement catholique, les postes de pouvoir sont contrôlés par les huguenots, ce qui provoque de vives tensions. A Montpellier, presque tous les édifices religieux de la ville sont détruits : la cathédrale Saint-Pierre est saccagée et pillée en 1561 lors d’affrontements sanglants qui font une vingtaine de morts.
Guillaume Pellicier doit fuir à plusieurs reprises la ville, se réfugiant au gré des troubles à Aigues-Mortes, à Montferrand ou à Maguelone. C’est là qu’il rédige son testament en novembre 1567, dans lequel il demande notamment que soient remis en état le château de Montferrand et sa chapelle : c'est en son hommage que les ouvriers, réalisant les travaux qu'il avait demandés, graveront dans l'enduit encore frais de la citerne du Vieux Montferrand son portrait et ses armoiries.
Il meurt le 25 janvier 1568 et est inhumé le lendemain dans la cathédrale de Maguelone.