Vieux Montferrand : le logement de la garnison
Le château féodal est transformé en une véritable caserne concentrée dans le Vieux Montferrand. Le site est redimensionné pour accueillir une garnison d’une centaine d’hommes, dont une soixantaine d’arquebusiers.
Près de 700 m2 de surface habitable sont ajoutés à la plateforme de 600 m2. Le manque d’espace au sol explique les surélévations progressives du château. Les anciens espaces, jusqu’alors dévolus à l'administration féodale, revêtent de nouveaux usages. Le Vieux Montferrand est le lieu de dernier repli du château dans lequel sont stockés les vivres et le matériel de défense. Agrandis, les espaces se spécialisent aussi. Le volume d’eau stocké est augmenté dans les citernes. Fours, pressoirs, moulin, cuisines et tout le nécessaire à la vie de la garnison sont installés ou modernisés.
Au total, vingt-huit pièces différentes, caves comprises, sans compter les couloirs et les espaces de passage, composent ce nouvel ensemble architectural qui doit permettre à la garnison de subsister en temps de guerre comme en temps de paix.
Petit Montferrand : le logis aristocratique
En faisant office de logis aristocratique, le Petit Montferrand conserve sa fonction originelle de maison de chevalier. Mais si l'usage perdure, l'architecture se transforme et s’adapte au mode d'habitation du début du XVIIe siècle.
Au XVIIe siècle, on greffe un 4e niveau à la bâtisse médiévale, ce qui permet de transformer le 3e niveau en étage noble. L'accès se fait depuis un vestibule à l'est, de plain-pied avec le rocher extérieur. On y accède depuis la terrasse haute de la zone 12 : les marques de l'escalier et du vestibule sont encore visibles dans le rocher.
Le vestibule ouvre sur une grande salle de 11 ,50 m de long par 4,90 m de large. L’expertise de 1677 renseigne sur les éléments de décor alors en place : la salle est pavée avec des terres cuites (encore visibles à l'extrémité ouest de la salle), les murs sont enduits et le plafond est « à la française ». Deux fenêtres à meneaux éclairent la pièce au sud et au nord. Des latrines, apparemment les seules du château, sont localisées à proximité d'une cheminée en plâtre appuyée contre le mur nord. La grande salle est séparée par une cloison en plâtre d’une arrière-chambre située au fond de la pièce.
Le Petit Montferrand reste la seule partie du château à cumuler autant d'éléments esthétiques et de confort.
Avec des salles techniques dallées en pierre et voûtées aux niveaux inférieurs, un étage noble en enfilade avec plafond à la française, sol en tomettes et murs enduits, et des combles laissés bruts, cette résidence à flanc de falaise adopte les standards esthétiques des demeures du XVIIe siècle. Toutes proportions réduites, le choix des matériaux selon les étages hiérarchise le mode d’habitat.
La place d'armes doit se doter d'un ouvrage en queue d'hironde, avec un front tenaillé précédé d'un ravelin côté sud, une aile fermant la face ouest du château et une seconde aile, à l'est, butant contre la zone 15.
Cette campagne de fortification se caractérise par l'utilisation de blocs massifs en calcaire dur extrait sur place dans la carrière aménagée à proximité. Les pierres sont appareillées de manière extrêmement soignée.
La plateforme d'artillerie
A l’ouest de la place d’armes, les anciennes écuries sont remblayées et transformées en plateforme d’artillerie, nécessitant le démontage partiel de la maison de chevalier attenante (zone 18).
La porte ouest
A l’ouest du château, face au chemin principal, une porte est percée dans le mur du XVIIe siècle.
Ce mur extrêmement soigné, en pierres massives, est conçu pour résister à l’artillerie ennemie. Son épaisseur de 2,50 m n’a plus rien à voir avec le mur médiéval ne dépassant pas 1 m qu’il a remplacé.
Le tracé du mur devait initialement se poursuivre plus au sud pour former un bastion. Après l’abandon du projet, les deux extrémités du mur sont terminées tant bien que mal en maçonneries grossières. Des parapets, dont il reste quelques vestiges, sont ajoutés en partie haute. L’un d’eux est percé par quatre archères.
Privée d’un système de défense complet, la porte ne sera jamais mise en service.