Almodis de Melgueil
Comtesse de Melgueil et de Montferrand
Née vers 1053, Almodis de Montferrand est issue des plus hauts lignages aristocratiques méridionaux. Son père n’est autre que Pons, comte de Toulouse, et sa mère Almodis de la Marche. Elle épouse en 1066 à Pierre Ier, comte de Substantion. Le couple a quatre enfants : Raymond II, qui succède à son père, Pons, abbé de Cluny de 1109 à 1122, Ermessende, mariée à Guilhem V de Montpellier et Adèle, mariée à Pierre Raymond du Puy.
L'hommage au pape
En 1085, Almodis et Pierre prêtent hommage au pape pour le comté. Ils se mettent ainsi sous la protection du Saint-Siège face à des rivaux de plus en plus puissants, tels que le seigneur de Montpellier et le roi d'Aragon. Ils profitent de cet engagement pour restructurer le comté et le subdiviser en deux parties administratives. Le nom de Substantion est abandonné au profit du nom des deux châteaux, nouveaux centres du pouvoir comtal fondés pour l'occasion : Melgueil (Mauguio) et Montferrand.
Le comte Pierre meurt vers 1086 alors que la première pierre de Montferrand n’est peut-être pas encore posée. Pour permettre à son épouse d'assurer sa subsistance et de continuer son œuvre politique, il lui confie en douaire la partie nord du comté : Montferrand.
Raymond II, qui succède à son père, doit administrer la partie sud du comté tant qu'Almodis est en vie : or, celui-ci n’accepte pas directement la donation de 1085 et continue de se faire appeler comte de Substantion. Excommunié par l’évêque Godefrid, il accourt à Rome pour faire lever son excommunication et renouveler l’hommage fait par son père.
L’Église romaine, reconnaissante de la donation de 1085, honore à plusieurs reprises la mémoire du comte Pierre, que le pape Urbain II qualifie de "bonoe memorioe comes" ("compagnon dont on garde un bon souvenir"). Le 28 juin 1096, le pape vient en personne remercier Almodis et ses héritiers de la donation : la rencontre a lieu sur l’île de Maguelone.
Une comtesse bâtisseuse
C'est Almodis qui fonde vraisemblablement le château de Montferrand et qui en supervise les premières constructions durant plusieurs décennies. A cette époque, le réduit fortifié est implanté sur le point culminant du rocher et les premières maisons de chevalier sont construites en contrebas.
En 1102, elle arbore le titre de comtesse de Montferrand pour se différencier de son fils.
Durant les cinquante années où s'exerce la tutelle d’Almodis, le nord du comté bénéficie d'une certaine stabilité dans la gouvernance et l’occupation castrale. La comtesse s’entoure de fidèles et de chevaliers de confiance, parmi lesquels Arnaud de Pamiis, bayle de Montferrand en 1198, qui la seconde dans la gestion du castrum et du domaine.
Des actes mentionnent trois personnages : Hugo, Gui et Guiraud Raimond, dits "de Montferrand". Il pourrait s’agir d’une lignée aristocratique subalterne ayant des droits sur le castrum et utilisant le toponyme castral. Ces personnages habitent très probablement les maisons dont trois sont encore visibles dans les parties médianes et basses du site (zones 11, 14 et 18).
Une exceptionnelle longévité
La longévité d’Almodis l'a conduite à voir son fils Raimond II, son petit-fils Bernard IV puis son arrière-petite-fille Béatrix se succéder à la tête du comté.
Almodis disparaît après 1132, date à laquelle elle apparait pour la dernière fois dans les textes, comme témoin de la rédaction du testament de son petit-fils.